LOCALISER LE SYSTÈME ALIMENTAIRE, EN COMMENÇANT PAR LES SEMENCES

 sarah crocker

Sarah Crocker avec sa culture de semences de radis à Portugal Cove à Terre-Neuve.

Pour Sarah Crocker, la vente de semences a toujours été une activité secondaire. L’ASC est son activité première. Ce n’est pas elle qui a choisi d’appeler l’exploitation agricole qu’elle dirige avec son conjoint Adam sur la ferme familiale Lien à Portugal Cove à Terre-Neuve Seed to Spoon. Le collectif agricole auquel elle s’est jointe à ses débuts l’avait déjà nommée ainsi.

Néanmoins, Sarah n’hésite pas à dire que tout est une question de semences : « La conservation de semences renvoie à plusieurs réalités sur notre ferme. Évidemment, trouver des semences et d’autres intrants biologiques peut parfois être un défi. Nous nous intéressons aussi beaucoup aux variétés uniques et originales. Il est donc question d’avoir accès à des choses qui ne se trouvent pas facilement dans les grands centres de jardinage. Nous sommes fascinés par la diversité des variétés de semences et c’est aussi un aspect que notre clientèle apprécie. Ce sont les principales raisons pour lesquelles nous sauvons des semences, mais cela ajoute également beaucoup à notre pratique agricole. J’adore observer le cycle de vie complet des plants. Il est tellement fréquent dans la culture maraîchère de voir les légumes pousser, mais pas nécessairement les étapes de floraison et de production de semences du plant. C’est un moyen intéressant d’évaluer notre travail, de réellement localiser notre système alimentaire et de partager avec d’autres. Sauver des semences devient rapidement une activité généreuse. Un plant produit une si grande quantité qu’il est inévitable d’en partager beaucoup et de retrouver toute une richesse dans de petits sachets ».

« J’entretiens des liens avec L’initiative de la famille Bauta depuis un moment déjà », explique Sarah. Celle-ci a participé au programme de mentorat, obtenu une bourse pour établir une bibliothèque de semences locale et pris part à des occasions d’apprentissage entre pairs avec d’autres personnes pratiquant la conservation des semences au Canada atlantique. « En tant que jardinière maraîchère, je pense qu’il est difficile d’intégrer la conservation de semences dans sa routine, que ce soit pour ses propres besoins ou une production commerciale. Toutefois, L’initiative de la famille Bauta m’a aidé à voir à quoi cela pourrait ressembler sur notre petite ferme. L’échange de savoir entre agricultrices et agriculteurs a vraiment été utile, car ce n’est pas facile de trouver des ressources pour une exploitation d’une échelle aussi petite que la nôtre ».

Sarah apporte aussi une contribution aux travaux de Sème l’avenir à titre de membre du conseil d’administration. « Mes travaux m’ont beaucoup motivé, alors j’ai décidé de me joindre au conseil d’administration de Sème l’avenir il y a quelques années, parce que je pense que la mission plus vaste de soutenir la culture agroécologique d’un point de vue féministe à travers le monde est cruciale et que j’aime le travail de l’organisme.»

Sarah se passionne pour l’exploration de variétés qui poussent bien dans les conditions uniques et difficiles de sa province, et qui conviennent aux méthodes de culture sur sa ferme. « Notre saison est très courte pour la culture maraîchère. Le temps est gris et humide. Nous n’avons pas de degrés-jours comme dans les autres régions du pays où la température peut être constamment au-dessus de 20 degrés Celsius. Il y a souvent une couverture nuageuse et les conditions sont humides et pluvieuses ». Sarah a eu du succès pour obtenir des tomates savoureuses malgré les journées courtes en faisant l’essai de différentes variétés d’Europe de l’Est. Par exemple, la variété Moravsky Div est une tomate hâtive relativement fiable pour sa production en serre à petite échelle. Elle a aussi cultivé du maïs farineux Painted Mountain et conservé les semences des plants au cours de ses cinq dernières saisons de culture.

Quelle est la prochaine étape pour Sarah dans son exploration des semences? Des légumineuses plus résistantes au froid et aux maladies fongiques, et des rutabagas à épaule verte … ou des navets, comme on les appelle ici!

Crédits

Merci à Meredith Davis de Good Roots Consulting qui a réalisé l’entrevue pour cette histoire.