MA VERSION AMÉLIORÉE DU HARICOT JAUNE

Catherine Wallenburg fait visiter sa ferme à d’autres semenciers et semencière lors d’une journée organisée par le bureau régional de Sème l’avenir. Source : Sème l’avenir.

Catherine gère à elle seule un acre réparti en trois champs isolés où elle cultive 110 variétés pour de la semence qu’elle commercialise par le biais de son entreprise, Semences Nordiques. Chaque saison, elle observe le comportement des plantes issues de ses semences souches afin de garder les meilleurs plantes-mères. Au bout du compte, elle espère que ces cultures soient plus adaptées aux conditions pédoclimatiques de l’Outaouais.

Depuis trois ans, Catherine s’est livrée à un exercice plus poussé de sélection pour le développement d’un haricot jaune nain plus facile à récolter.

« J’ai d’abord voulu identifier s’il y avait des haricots nains sur le marché qui n’avaient pas des cous fragiles. En discutant avec James Myers, un chercheur de l’université de l’État de l’Oregon, j’ai appris que c’est une variante génétique qui date du début du 20e siècle. Beaucoup des variétés en usage commerciale aujourd’hui auraient comme parent la variété Brittle Wax. »

Après s’être entretenue avec le chercheur, Catherine décide d’aménager un essai et trouve une variété dont les cosses ne cassent pas. Son goût est excellent, mais les plants sont un peu grimpants et les rendements sont plutôt faibles. Deux autres variétés se démarquent pour leur goût, leur rendement et pour un port petit et droit. 

L’étape de croisement pour le haricot nécessite de la pratique. « C’était la première fois que je tentais de croiser des haricots. Je pensais initialement avoir eu du succès, mais par la suite, beaucoup de fruits et de fleurs se sont avortés. Je pense que le taux d’humidité était peut-être trop bas, mais je ne suis pas certaine. »

Catherine a aussi envoyé des semences au jardin de démonstration de Sème l’avenir à Senneville, dans l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, où l’équipe du Laboratoire de génétique et de sélection de légumineuses a pu faire des démonstrations de croisements.

« La génération F1 (suite au croisement) n’était pas concluante, mais elle m’a permis d’accroître la population. La génération F2 affiche une plus grande variabilité, dont certains plants productifs pour lesquels les haricots ne sont pas cassants, donc j’ai pu conclure que les croisements avaient réussi. »

En parallèle, Sème l’avenir coordonne des essais avec la Coopérative pour l’agriculture de proximité. « C’est intéressant de pouvoir discuter avec les producteurs impliqués dans les essais variétaux coordonnés par Sème l’avenir et la CAPÉ. Ça me permet de confirmer mes objectifs de développement et le choix des parents productifs (l’autre lignée utilisée dans le croisement). À plus long terme, ça me permettra aussi de comparer ma nouvelle lignée à des variétés appréciées par ces producteurs et en utilisant des données de rendement de référence par exemple. »

« Le travail du bureau régional de Sème l’avenir est valorisant et encourageant. Le coordinateur fait le lien entre toutes sortes de ressources. Il me met sur des pistes et me met en contact avec d’autres qui font des projets semblables ou qui ont une expérience pertinente. Il me permet aussi de partager mon expérience auprès des personnes que ça pourrait aider. C’est très valorisant dans le cadre d’un projet de développement d’une nouvelle variété, un travail qui peut prendre plusieurs années avant d’obtenir un résultat stable et utile. »

« C’est aussi très enrichissant de faire partie d’un grand réseau de productrices, de producteurs et d’organisations qui travaillent ensemble pour créer un système agroalimentaire plus résilient et varié, au service du milieu agricole et des communautés.»